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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/26

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— Mais, fit Suzanne surprise, il me semble qu’il n’est pas nécessaire d’être romanesque pour souffrir d’un pareil malheur !… Toi-même, si cela t’arrivait.

Germaine partit d’un éclat de rire, et brutalement :

— Ah ! çà, t’imagines-tu que j’ignore que mon mari couche avec toutes les femmes, excepté moi ?

Suzanne tressaillit, bouleversée des paroles et du ton de sa sœur ; mais Germaine continua :

— Je t’assure bien que je ne regrette que l’argent que cela lui coûte.

Suzanne écoutait stupéfaite. Vivant en province où sa sœur ne venait qu’avec horreur ; elle-même retenue par ses enfants et son mari, depuis son mariage, elle ignorait tout de Germaine. Les courts séjours de l’une chez l’autre et les lettres banales qu’elles échangeaient ne pouvaient en rien révéler les secrets de leurs ménages. Tout à coup elle devinait des abîmes dont rien ne lui