Aller au contenu

Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait donné l’idée ; la vie des autres, de loin, paraissant toujours unie et heureuse.

Alors, comme Suzanne la pressait de questions, Germaine raconta l’histoire de tant de ménages parisiens qui était la sienne. Et, peu à peu, à remuer d’anciens souvenirs qui avaient été des blessures, une souffrance lui remontait ; perdant de son insouciance, sa voix devenait vibrante et amère.

D’abord, aux premiers temps de son mariage avec Georges Watrin, c’était un mari amoureux fou de la beauté de sa femme. Six mois, on est amant et maîtresse. On initie la jeune femme à tous les dessous de la vie parisienne, riant de ses curiosités. On la mène partout ; on s’amuse de la voir imiter, cherchant à plaire, les filles qu’on lui fait coudoyer. On lui apprend, à elle, vierge de tout à l’heure, les secrets d’amour que les hommes se répètent entre deux ricanements ; on la grise de compliments, d’adoration, de passion. Puis, dans une minute d’oubli, elle devient enceinte, et