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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/265

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Mme Esterat examinait Suzanne, qui parlait fiévreusement, dans la douleur excessive de son affection sincèrement retrouvée pour sa sœur morte ; et, sans rien répondre, posant sa main jaunie sur celle de la jeune femme, elle la fit entrer dans une chambre dont elle ouvrit doucement la porte.

Tout de suite, dans la petite pièce très simple, avec des meubles en acajou et des rideaux de Perse claire, Suzanne aperçut un homme couché sur le lit, la tête renversée raide sur l’oreiller : c’était le corps de Paul Esterat. Une crispation de douleur était restée sur sa face exsangue aux traits réguliers et fins ; une cravate de mousseline cachait mal le trou béant et violet de la gorge, les déchirures sanguinolentes des chairs, montant jusqu’au menton.

Mme Esterat s’assit près du lit et attirant une des mains pâles du mort dans les siennes, elle dit d’une voix brisée :

— Voilà mon fils.

Cela fut si simple, et son attitude, ses