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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/267

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de son fils et, la reposant doucement sur le lit, elle s’approcha de Suzanne, un désespoir dans ses yeux mornes.

— Madame, quand je devins veuve, j’étais enceinte de mon fils ; mon mari me laissait une fortune suffisante pour me consacrer à l’éducation de mon enfant et le bien élever. Il a été le but de toutes mes pensées, de toutes mes actions, de tous mes rêves. J’avais perdu mes parents, je n’avais que lui au monde, il n’avait que moi ! Pendant vingt-cinq ans nous avons été tout l’un pour l’autre, tout ce que j’avais rêvé, il l’avait réalisé ; il était sur le chemin de tous les bonheurs et de toutes les gloires !… Alors, il l’a rencontrée… elle !… qui ne me l’a rendu que comme il est maintenant !

Elle s’arrêta un instant, suffoquée, quoique ses yeux restassent absolument secs, très ardents, puis, avec un effort, elle reprit plus doucement :

— Je ne vous connais pas, madame, mais vous paraissez une honnête et digne femme ;