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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/48

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coup de peine pour la marier ; il ne tenait qu’à la jeune fille de la suivre partout et toutes les distractions de sa sœur, elle les partageait. Mais, c’était précisément ces sorties perpétuelles, cette vie en l’air, ce galop continuel qui irritaient Yvonne. Cet effort constant pour le monde lui pesait comme une chaîne de fer. L’année précédente, elle n’avait rien voulu dire à Suzanne ; à quoi bon la chagriner ? Maintenant qu’elle se mariait, que cela allait finir, elle éprouvait un grand soulagement à tout révéler.

Et, à voix demi-haute, s’assurant de temps en temps du sommeil de Germaine, elle disait les dessous pénibles de cette existence brillante : la course continuelle après l’argent ; l’enfant, rejeté au plus loin de l’appartement, à la merci de l’Allemande ; le mari, toujours absent, absolument étranger dans son intérieur, vivant le jour dans ses bureaux de la rue Taitbout, le soir au cercle ou chez des maîtresses ; la femme se tuant et tuant sa sœur en peines et en démarches pour sou-