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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/94

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d’abord, cacher à Yvonne la visite courte du jeune homme, le dire retenu dans le Berry pour affaires ; et, de jour en jour, éloigner par un prétexte la visite et la demande attendues. L’indispensable était de ne pas laisser Yvonne s’habituer à cette idée de mariage qui, malheureusement, lui souriait déjà trop.

Quand la jeune fille entra dans le salon, une interrogation dans le regard, ses sœurs étaient assez remises pour expliquer avec calme leur défaite. Elle écouta en silence, subitement sérieuse, ses yeux fixes se portant de Suzanne à Germaine avec la conviction qu’elles mentaient. La déception de cette journée écoulée dans l’anxiété de l’attente se fondait dans l’irritation d’une trahison devinée : non de la part de l’homme qu’elle considérait déjà comme son fiancé, mais de celle de ses sœurs, qu’elle épiait avec une haine jalouse, immédiatement née. Cependant, sans preuves, elle ne pouvait que se taire et attendre, observant seulement