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Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/113

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C’est la paix profonde, l’obscurité verte, le sol épais et gras d’humus, la fuite d’un singe ; et soudain, sans que rien n’ait préparé le voyageur, il découvre une porte, l’épanouissement d’un Naga, et puis des tours, des bassins, des galeries. Ce sont comme des éclairs dans la nuit, des feux dans la tempête, et rien ne distingue plus de leurs abords solitaires ces lieux autrefois formidables.

Il en est ainsi du peuple actuel. Il est comparable à cette forêt. Comme elle, il est plein de mystères. Dans ses gestes, ses types, ses coutumes, les accessoires dont il se sert, on découvre parfois, comme au cœur des forêts profondes sans que rien y prépare, un vestige vivant encore mêlé aux coutumes modernes, un bijou, une humble poterie, la forme d’une lèvre de statue, un mot sanscrit dénaturé. Tout le pays garde le sommeil définitif d’un passé dont il ne profite pas, mais dont il ne peut s’affranchir.

Les voyageurs toutefois, n’ont jusqu’à présent célébré que le temple d’Angkor. Il n’y a cependant pas que lui seul. On s’en est déjà convaincu dès le début de ce livre, on s’en convaincra encore par la suite, car c’est en vain que l’on chercherait à