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Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/118

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de jeunes arbres en outre font des voûtes vertes.

De quelque côté que l’on se retourne, la face sereine se présente, toujours semblable à elle-même, gardant son énigme et son charme, aussi bien sous le soleil joyeux que dans l’ombre violette. Elle est là, partout, reflétée par la terre voisine, miroitante ou sombre, avec des taches rouges de lichens, des traînées mauves comme des traces de larmes, les lèvres charnues. De son front, des guirlandes de feuillage pendent comme des chevelures, ou bien des branches touffues se dressent en panaches.

Qu’il y ait dans de vieux temples d’un art quelconque, les mystères du passé joints à celui de la nature, et toutes les beautés exprimables par l’architecture, rien de tout cela ne saurait être comparé à ce qui se dégage du Bayon, car au Bayou, tout cela est tangible, en quelque sorte, directement dit par la pierre faite homme, faite Dieu. Aucune interprétation n’est nécessaire. Ce n’est pas la lumière qui sourit, c’est une bouche. Ce ne sont pas d’imprécises significations trouvées par notre imagination, qui nous pénètrent, mais des regards, de vrais regards que posent sur nous des yeux aux