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Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/119

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contours adoucis par les pluies. La noblesse et le calme sont humains et non froids comme ceux de lignes ou de masses. Tout est vie latente, éternelle. Le Dieu est là, réellement là. Il sourit. Et tout ce qui n’est plus, demeure dans son sourire.

Il est stupéfiant que semblables figures émanent un tel charme, car outre leurs grandes proportions elles ont été stylisées à l’excès. Les lèvres sont très fortes et la bouche touche presque au nez. Le cou tient au menton. Les yeux sont exagérément obliques, défectueux, mais les pluies en ont effacé souvent le dessin supérieur, de sorte qu’ils semblent fermés.

Par un effet particulier et précisément à cause de ces yeux dont le regard ne se fixe pas dans le dessin d’une prunelle, mais demeure dans tout une orbite, ces faces qui dans la solitude absolue expriment leurs pensées séculaires aux quatre points du monde, semblent, dès que l’homme paraît parmi elles, ne plus sourire que pour lui. Et lui, au-dessous d’elles, voit leur regard se baisser sur sa fragilité. Une intimité profonde s’établit aussitôt.

Ah ! si nous avons au cœur une douleur aiguë et