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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/118

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La première utilise l’imprécision qui résulte du conflit pour rejeter le flambeau de la foi dans l’obscurité de la raison en proie au doute, et prétend par là sauver la religion.

Puisque nous abordons ici l’important domaine de cette religion, notre premier devoir est de réfuter le reproche qu’on nous a souvent adressé et qu’on a repris ces jours-ci avec une particulière insistance, à savoir que notre philosophie moniste et son principal fondement, l’idée d’évolution, détruisaient la religion. Notre philosophie n’est une ennemie que pour ces formes inférieures de religion, fondées sur la superstition et l’ignorance et qui, par un formalisme vide, par la croyance au surnaturel, veulent opprimer la raison humaine afin de la dominer et de l’exploiter dans un but politique. C’est, au suprême degré, le cas du papisme ou ultramontanisme, cette odieuse caricature du pur christianisme, qui de nos jours joue encore une fois un rôle si important. Notre grand réformateur, Martin Luther, se redresserait dans son tombeau s’il voyait la prépondérance actuelle dans l’Empire allemand, du centre romain. De fait, c’est le pape de Rome, l’ennemi naturel et mortel de l’Empire allemand protestant, qui en dirige les destinées et le parlement allemand se soumet volontairement à la direction des Jésuites. Ce lamentable parlement allemand, qui devrait être la véritable représentation de la nation intelligente et cultivée, réclame la suppression de la loi contre les Jésuites et abandonne les intérêts les plus sacrés de la liberté de penser. Aucun de ces représentants de la nation ne s’avise de réclamer, au Reichstag, la suppression des trois institutions les plus dangereuses et les plus funestes au bien public