Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/145

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c’est-à-dire purement scientifique ! La conception de l’Univers, construite sur la doctrine théiste de l’évolution est ainsi la seule rationnelle et véritablement scientifique, tandis que la conception athéiste se révèle comme contraire à la raison et antiscientifique. »

Pour discerner ce que cette assertion et les suivantes, de la part des Jésuites les plus modernes, ont de mensonger, nous devons faire expressément remarquer que la belliqueuse église chrétienne, — l’église orthodoxe évangélique dans une entente parfaite avec l’église catholique romaine, — a combattu énergiquement par tous les moyens possibles trente années durant, dès la première apparition du darwinisme, non seulement celui-ci, mais encore la doctrine de l’évolution en général. Et cela à très juste titre ! Car les Pères de l’Église, avec leur regard pénétrant, avaient reconnu plus clairement que beaucoup de philosophes naïfs que la théorie darwiniste de la descendance était une clef de voûte indispensable dans la théorie universelle de l’évolution et que l’origine de l’homme, « descendant d’autres mammifères » en découlait avec une rigueur implacable. Ch. Escherich dit très justement dans son excellent ouvrage sur « La théorie de la descendance selon l’Église[1] » (p. 7) : « Jusqu’ici nous ne lisions presque dans la physionomie des noirs interprètes de nos théories, que la haine, l’amertume, le mépris, l’ironie ou le regret à l’endroit de la nouvelle intruse dans l’édifice de leurs dogmes, l’idée de la descendance. Aujourd’hui, (après l’apostasie de Wasmann !) les protestations des journaux du centre, affirmant que l’orthodoxie a déjà adopté depuis plusieurs dizaines d’années la théorie de la descendance, ne produisent qu’une impression de comique : on cherche, à cette heure précisément, alors que la théorie de la descendance a remporté une victoire définitive, à se poser comme si on ne lui avait jamais été hostile, comme si l’on n’avait jamais crié et tempêté contre elle — et comment, d’ailleurs, aurait-on jamais été assez fou pour cela puisque, par la théorie de la descendance la sagesse et la puissance du Créateur se manifestent à un plus haut point encore et sous un jour plus éclatant » ! La même re-

  1. Karl Escherich, « Théorie de la descendance selon l’Église », Munich, 1905. Supplément de l’Allgemeine Zeitung, nos 34, 35 ; en outre, quelques suppléments ultérieurs. Cf. aussi son article précédent dans le no 136 du même journal, le 17 juin 1902.