Aller au contenu

Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nomiques et physiques, mais encore d’être rompu aux mathématiques et d’avoir l’imagination vive. La loi d’évolution nous apparaît bien plus simple, bien plus facile à saisir dans la géologie. Car toute averse, toute agitation de la mer, la moindre irruption volcanique, la moindre pierre éboulée nous convainquent déjà immédiatement des modifications qui se produisent sans cesse à la surface de la terre.

Mais la portée historique de ces modifications n’a été bien entrevue qu’en 1822, par Charles de Hoff, à Gotha et c’est seulement en 1830 que le grand géologue anglais, Charles Lyell, a posé les bases de la géologie moderne, laquelle explique par des causes naturelles la production et la constitution de l’écorce terrestre, la formation des montagnes et les périodes qu’a traversées la terre — montrant ces phénomènes dans leur solidarité constante[1]. L’immense épaisseur des couches de terrain qui renfermaient les restes pétrifiés d’organismes disparus, a révélé la durée inouïe, longue de plusieurs millions d’années, des périodes pendant lesquelles ces terrains de sédiment ont été déposés par les eaux. Mais, à elle seule, la durée de la période organique de l’histoire de la terre, c’est-à-dire la longueur du temps pendant lequel les êtres vivants, animaux et plantes, se sont développés à la surface de la terre, doit être évaluée à plus de cent millions d’années. Ces données géologiques et paléontologiques ont détruit la légende courante au sujet de l’œuvre des six jours, accomplie par un Créateur personnel. Néanmoins de nombreuses tentatives ont été faites et se poursuivent aujourd’hui encore, pour concilier le récit de Moïse sur la création

  1. Géologie moniste. — Ch. de Hoff (à qui, comme à Wolff et à Lamarck, on n’a rendu que tardivement justice !) avait, dès 1822, à Gotha, posé les bases de la géologie naturelle, sur lesquelles ensuite, en 1830, Ch. Lyell édifia ses principes de géologie. « Dans l’exposé de ses idées fondamentales nous trouvons cette conception élevée de l’unité, de la constance de l’être et de l’action de la nature, de cette nature qui, au cours d’espaces de temps incalculables, lentement et constamment, crée selon des lois invariables, transformant et développant sans cesse les choses présentes. » Cf. la Biographie scientifique du Dr Otto Reich : Ch. E. von Hoff, précurseur des géologues modernes, Leipzig, 1905. En outre, Jean Walther, Introduction à la géologie, Iéna, 1893, 1re partie, p. 15.