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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/25

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surnaturelle, avec la géologie moderne (surtout en Angleterre[1]). Mais sur ce point encore, tous les efforts de l’Église ont échoué. Remarquons en passant que l’étude de la géologie, les réflexions qu’elle fait naître au sujet de la durée énorme des périodes du développement cosmique, l’accoutumance aux simples causes mécaniques qui le modifient sans cesse, tout cela est de la plus haute importance pour le progrès des lumières. Cependant (ou peut-être à cause même de cela ?) aujourd’hui encore, dans la plupart des écoles, l’enseignement de la géologie est négligé, sinon complètement absent. Il n’en est pas moins particulièrement propre (rattaché à la géographie), à élargir le cercle de la culture générale et à familiariser l’enfant, de bonne heure, avec l’idée d’évolution. Un homme cultivé, qui connaît les éléments de la géologie, n’éprouvera jamais d’ennui, car il trouvera partout, dans la nature qui l’environne, dans la pierre aussi bien que dans l’eau, dans la plaine aride aussi bien que dans la montagne, des objets instructifs qui le conduiront à réfléchir[2].

Le processus de l’évolution est plus difficilement abordable dans la nature organique. Mais ici il faut distinguer, dans le développement biologique, deux séries différentes de phénomènes, entre lesquelles seule la loi fondamentale biogénétique formulée par nous (1866) établit un étroit rapport causal : la plus ancienne est l’ontogénie, la plus jeune, la phylogénie. Il y a quarante ans encore, on entendait par « Histoire du développement » l’embryologie exclusivement, c’est-à-dire un chapitre seulement de cette science ; on examinait au microscope les processus merveilleux par

  1. Moïse ou Darwin. — On trouve un excellent exposé populaire de cette importante alternative et, en particu- lier, « des dangers redoutables, créés par la scission entre les théories exposées dans les hautes et dans les basses classes de l’école », dans le troisième volume des Discours et Conférences d’Arnold Dodel, À travers la Vie et la Science, Stuttgart, 1896. Par opposition à cette critique moniste et rationnelle de la doctrine mosaïque de la création, on pourra lui comparer l’œuvre comique du défenseur anglais de la Bible, Samuel Kinns : Moïse et la géologie, ou Harmonie entre la Bible et la Science, Londres, 1822. Pareil en cela aux plus modernes jésuites, le pieux astronome de la Bible exécute les plus invraisemblables gambades en vue d’effectuer l’impossible réconciliation de la science de la nature avec la croyance biblique.
  2. Géologie et enseignement scolaire. — Les grandes lacunes de l’enseignement scolaire en Allemagne sont particulièrement sensibles sous le rapport de la géologie et de la biologie, toutes deux fort négligées. Combien, cependant, la simple considération des phénomènes du développement de la terre, tels qu’ils sont accessibles à tous, est attrayante et instructive, c’est ce que permet de constater l’Introduction à la géologie, de J. Walther (1905).