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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/29

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L’espèce humaine, elle aussi, se serait produite de cette manière : par la transformation d’une série d’ancêtres mammifères, en particulier de primates de l’espèce simiesque.

Ces vues géniales de Lamarck, qui nous rendent compréhensible le domaine tout entier des merveilles de la vie organique et dont le plus grand de nos poètes et de nos penseurs, Goethe, s’est beaucoup rapproché dans ses recherches personnelles — ont permis d’établir la théorie fondamentale que nous appelons aujourd’hui théorie de la descendance, ou encore transformisme. Mais le perspicace Lamarck — comme cinquante ans auparavant G. F. Wolff — était venu un demi-siècle trop tôt ; sa théorie ne fit aucune impression et fut bientôt complètement oubliée.

Elle ne fut ramenée au jour qu’en 1859, par le génial Charles Darwin qui, lui-même, était né l’année où paraissait la Philosophie zoologique. Le contenu de ses doctrines et le succès de ce que nous appelons depuis quarante-six ans le darwinisme (au sens large du mot), sont choses si universellement connues que nous n’avons pas besoin d’y insister davantage. Nous voudrions seulement faire remarquer que l’immense succès de ces œuvres de Darwin, qui font époque, tient à deux raisons différentes : la première c’est que le naturaliste anglais a mis à profit, dans la plus ingénieuse des combinaisons, un trésor inouï de matériaux empiriques, accumulés depuis cinquante ans et qui lui a fourni une démonstration en règle de la théorie de la descendance ; la seconde, c’est qu’il a complété cette théorie par une autre, à lui propre, la théorie de la sélection naturelle. Cette