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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/32

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moderne, d’une part et les dogmes de l’Église, de l’autre ?

Il était évident que la théorie de la descendance, en général, aussi bien que son application à l’homme en particulier, provoqueraient aussitôt la résistance ouverte de l’Église, surtout des églises judaïque et chrétienne, car la théorie et son application sont en contradiction flagrante avec le récit mosaïque de la création et avec les autres dogmes de la Bible qui s’y rattachent et qui forment, aujourd’hui encore, la base première de l’enseignement dans presque toutes les écoles. Si donc les théologiens et leurs intimes alliés les métaphysiciens ont, dès le début, rejeté le darwinisme et s’ils ont énergiquement combattu, par de nombreux écrits, sa conséquence la plus grave, la « parenté de l’homme et du singe », — nous ne pouvons voir là qu’une preuve de clairvoyance. La résistance put prendre une attitude d’autant plus autorisée et sûre du triomphe que, durant les sept ou huit premières années qui suivirent l’apparition de Darwin, même dans les milieux directement intéressés, parmi les biologistes, la doctrine nouvelle ne rencontra presque partout qu’une attitude froide et sceptique, tandis que les adhésions étaient rares. J’en peux parler mieux qu’un autre par expérience ; car lorsqu’en 1863, au Congrès des naturalistes de Stettin, j’exposai pour la première fois en public la « théorie de Darwin sur l’évolution », je me trouvai tout à fait isolé et la grande majorité regretta que j’eusse voulu défendre sérieusement une doctrine aussi fantaisiste, le « Songe d’un somme fait l’après-midi », comme disait avec pitié Keferstein, le zoologiste de Göttingen.

La conception générale de la nature était alors, il y a