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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/42

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lui, comme élève particulier, puis comme assistant pénétré d’admiration, — les plus amicales relations. Je crois être du petit nombre de ces hommes qui, âgés aujourd’hui, ont suivi avec le plus vif intérêt, pendant un demi-siècle, l’évolution de Virchow, tant comme homme que comme naturaliste. Je distingue, dans sa métamorphose psychologique, trois périodes. Durant les dix premières années de son activité académique, passées en grande partie à Würzbourg, de 1847 à 1858, il travailla à réaliser cette réforme capitale de la médecine qu’il couronna par sa pathologie cellulaire. Pendant les vingt années suivantes (1858-1877), il s’occupa surtout de politique et d’anthropologie ; son attitude vis-à-vis du darwinisme avait été favorable au début, elle fut ensuite celle d’un sceptique et finalement celle d’un adversaire. C’est à partir de 1877 seulement, que Virchow devint l’ennemi plus déclaré et plus écouté de la théorie de la descendance, depuis le moment où, dans son discours célèbre sur « La liberté de la science dans l’état moderne », il attaqua cette liberté à sa base, dénonça la théorie de la descendance comme menaçant l’état et exigea qu’on la chassât de l’école. Cette curieuse métamorphose est, d’une part si importante et si grosse de conséquences, d’autre part elle a été si faussement interprétée que je dois me réserver d’en parler plus longuement après-demain, dans ma seconde conférence, d’autant plus qu’au premier plan du sujet nous trouverons un problème spécial : la parenté de l’homme et du singe. Je me contente donc aujourd’hui d’insister sur ce fait qu’ici même, à Berlin, dans la « Métropole de l’intelligence », la théorie moderne, aujourd’hui régnante