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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/58

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l’homme, des singes anthropoïdes (c’est-à-dire des primates analogues à l’orang-outang et au chimpanzé) : l’adaptation à la station verticale, la différenciation des pieds et des mains qui en est le résultat, enfin plus tard, le développement du langage articulé et des formes supérieures de la raison. Mais en même temps que la théorie de la descendance tout entière, pourtant si remarquable, la plus importante de ses conséquences tomba bientôt dans l’oubli. Lorsque, cinquante ans plus tard, Darwin la ressuscita, il n’y prit aucunement garde ; il se contenta, dans son ouvrage principal, de cette courte prophétie : « La lumière viendra éclairer l’origine de l’homme et son histoire ». Cette simple et innocente phrase elle-même parut si grave au premier traducteur allemand, Bronn, qu’il la supprima. Lorsque Wallace demanda à Darwin s’il ne traiterait pas le sujet d’une manière plus approfondie, son ami lui répondit : « Je pense supprimer toute cette question, car elle touche à trop de préjugés ; je reconnais, néanmoins, pleinement que c’est là le problème le plus élevé et le plus intéressant qui puisse occuper un naturaliste ».

Les premiers travaux, d’ailleurs approfondis et des plus importants, qui traitent de cette difficile question, datent de 1863 ; c’est, en Angleterre, Thomas Huxley et, en Allemagne, Ch. Vogt qui ont cherché à montrer que l’origine simienne de l’homme était une conséquence inévitable du darwinisme, et qui ont entrepris d’établir leur thèse empiriquement, au moyen des arguments dont on disposait alors. La spirituelle étude de Huxley sur « la place de l’homme dans la nature » est une œuvre particulièrement précieuse ; l’auteur y