Aller au contenu

Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’attitude de Virchow fut d’abord favorable, plus tard sceptique et finalement nettement hostile.

Après que la théorie de la descendance, posée par Lamarck, eût été reprise par Darwin en 1859, bien des gens regardèrent Virchow comme appelé à prendre une place marquante parmi ses défenseurs ; il avait, en effet, étudié à fond le problème important de l’hérédité et l’étude des altérations pathologiques lui avait révélé la puissance de l’adaptation ; ses études anthropologiques l’avaient d’ailleurs mis directement en face de la grande question de l’origine de l’homme. De plus, il passait pour l’adversaire décidé de tout dogmatisme et il combattait la transcendance, tant sous la forme de croyance religieuse, que sous celle d’anthropomorphisme. En 1862, il déclarait encore que « la possibilité du passage d’une espèce à une autre espèce était un besoin de la science ». Lorsqu’en 1863, à la réunion des naturalistes de Stettin, j’exposai pour la première fois en public la théorie darwiniste, Virchow était, avec Al. Braun, du petit nombre des naturalistes qui déclaraient la question très importante et digne d’une étude approfondie. Lorsqu’en 1865 je lui communiquai deux conférences que j’avais faites à Iéna sur l’origine et l’arbre généalogique de l’homme, il les inséra volontiers dans sa collection des conférences de vulgarisation scientifique. Au cours de nombreux entretiens que j’eus avec lui sur ces sujets, il exprima toujours une manière de voir qui, pour l’essentiel, était d’accord avec la mienne, bien qu’avec cette prudente réserve et ce froid scepticisme qui étaient dans sa nature. C’est encore la même attitude modérée qu’il montra dans la conférence