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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/71

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rieurs et les amphibies jusqu’aux singes et à l’homme, la conformation typique du corps, la situation caractéristique des organes principaux et leurs relations sont les mêmes et diffèrent profondément de ce qu’on constate chez tous les autres animaux.

Les mystérieuses relations de parenté entre tous ces vertébrés avaient déjà, bien avant Cuvier, il y a de cela cent vingt ans, stimulé le plus grand de nos poètes et penseurs, Gœthe, à entreprendre, à Iéna et à Weimar, de longues et pénibles recherches dans le domaine de l’anatomie comparée. De même que, dans la métamorphose des plantes, Gœthe avait fondé l’unité d’organisation sur l’organe primordial commun à tous les individus, la feuille, — de même, dans la métamorphose des vertébrés, il retrouva cette unité par sa théorie vertébrale du crâne[1]. Et ainsi, après que Cuvier eût élevé l’anatomie comparée au rang de science indépendante, cette branche de la biologie se développa grâce aux recherches classiques de J. Müller, C. Gegenbaur, R. Owen, T. Huxley et bien d’autres morphologistes, à tel point que plus tard le darwinisme put puiser ses armes les plus puissantes dans ce riche arsenal. Les différences frappantes que présentent dans la forme extérieure et la structure interne les poissons, les amphibies, les reptiles, les oiseaux et les mammifères s’expliquent par l’adaptation aux diverses activités des organes et à leurs conditions d’existence ; la surprenante uniformité, d’autre part, qui se maintient, malgré tout, dans le caractère typique, s’explique par l’hérédité d’ancêtres communs.

Ces témoignages de l’anatomie comparée sont si

  1. La philosophie de la nature chez Goethe. — L’attitude de Gœthe devant le monisme et l’idée d’évolution a été à diverses reprises exposée par moi dans mes ouvrages antérieurs, en particulier dans ma Conférence d’Eisenach (1882) sur : « La conception de la nature chez Darwin, Goethe et Lamarck » (conférences populaires 1902, 1 vol. p. 217-280) ; et, en outre, dans ma conférence sur : La biologie à Iéna au cours du dix-neuvième siècle ». (Rev. des Sciences nat. d’Iéna, vol. 39, 1905).