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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/96

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drons la question de savoir si l’évolution intellectuelle de l’homme est régie, elle aussi, par les mêmes lois naturelles que son développement corporel et si elle est, comme celui-ci, inséparablement liée à l’histoire des autres mammifères.

Dès que nous abordons ce domaine épineux, nous nous heurtons à ce fait étrange qu’aujourd’hui encore, dans nos universités, deux conceptions radicalement différentes de la nature de l’âme ou de la psychologie s’opposent l’une à l’autre. Il y a d’abord, d’un côté, les psychologues métaphysiciens, ceux qu’on appelle les « psychologues de profession ». Ils représentent aujourd’hui encore, cette opinion vieille comme le monde suivant laquelle l’âme de l’homme est un être particulier, un individu spécial, indépendant, qui n’élit sa demeure que passagèrement dans un corps mortel et l’abandonne après la mort pour continuer à vivre sous forme d’esprit immortel. Cette conception dualiste se rattache, comme on sait, aux dogmes de la plupart des religions et elle doit sa haute autorité à ce qu’elle se rattache aux intérêts les plus graves, éthiques, sociaux et pratiques. En philosophie, Platon déjà avait fait valoir le dogme de l’immortalité de l’âme. Plus tard, Descartes en particulier, lui a donné une importance spéciale, en accordant à l’homme seul une âme proprement dite, tandis qu’il la refusait aux autres animaux.

En face de cette psychologie métaphysique, qui pendant longtemps régna seule, se développa au XVIIIe et plus encore au xixe siècle, la psychologie comparée. Une comparaison impartiale entre les phénomènes psychiques, chez les animaux supérieurs et inférieurs, montra