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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/97

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l’existence de nombreuses formes transitoires et intermédiaires ; une longue série de ces intermédiaires relie la vie psychique des animaux supérieurs, d’une part à celle de l’homme, de l’autre à celle des animaux inférieurs. Une ligne de démarcation nette entre l’homme et les autres animaux, telle que Descartes la traçait, ne se laisse plus affirmer avec certitude.

Mais le coup le plus rude qui fut porté à la théorie métaphysique régnante lui vint, il y a trente ans, des nouvelles méthodes de la psychophysique. Par des expériences ingénieuses, des physiologistes distingués, comme Th. Fechner et E. H. Weber de Leipzig, montrèrent qu’une partie importante de l’activité intellectuelle peut être aussi exactement mesurée et mathématiquement déterminée que d’autres processus physiologiques, les contractions musculaires, par exemple ; les lois fixes de la physique gouvernent ainsi une partie de la vie psychique, aussi absolument que les phénomènes de la nature inorganique. Sans doute la psychophysique n’a satisfait que partiellement les hautes espérances qui se rattachaient alors à elle et à la portée qu’elle pourrait avoir du point de vue moniste ; mais un fait important reste acquis : c’est qu’une partie de la vie intellectuelle est liée aussi nécessairement aux lois physiques, que tous les autres phénomènes de la nature.

La psychologie physiologique fut ainsi, par la psychophysique, élevée au rang de science physique, de science en principe exacte ; mais auparavant déjà elle avait trouvé des fondements très importants dans d’autres domaines de la biologie. La psychologie comparée avait pu retracer la longue série d’intermédiaires qui descend