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de la caractérisation.

proprier les traits dé la figure, l’extérieur, le maintien, la manière de grouper, les divers modes de coloris, à la situation particulière où elle place ses personnages ainsi que les objets de la nature, afin de leur faire exprimer une idée, produire une impression. Car, le sentiment qui fait le fond de la situation, voilà ce qu’il s’agit de représenter.

Parmi les détails infiniment variés qui peuvent ici être pris en considération, je ne veux toucher qu’un seul point principal. En effet, ou la situation est, de sa nature, passagère, et le sentiment qu’elle exprime momentané, au point qu’un seul et même sujet peut encore exprimer plusieurs sentiments semblables et même opposés, — ou la situation et le sentiment s’identifient avec le caractère tout entier, dans ce qu’il a de plus intime, et manifestent toute l’excellence de sa nature morale. Or, ces derniers sujets sont les vrais moments, les moments décisifs pour le caractéristique. Ainsi, dans les situations où j’ai déjà eu plus haut l’occasion de parler de la Madone, quelqu’individuels que soient les traits particuliers sous lesquels on peut se la figurer, on ne trouve rien qui n’appartienne à la mère de Dieu, rien qui ne s’accorde avec son ame tout entière et son caractère. Ici, maintenant, nous dirons qu’elle doit être caractérisée de telle sorte qu’il soit évident qu’elle n’est rien autre chose que ce qu’elle peut exprimer dans cette situation déterminée. Aussi, les grands maîtres ont peint la Madone dans ces situations qui repré-