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peinture.

sentent éternellement la mère, dans les moments de la maternité. D’autres maîtres ont mis, en outre, dans son caractère, des traits qui rappellent la vie mondaine ou une autre existence. Cette expression peut bien être belle et vivante ; mais cette figure, ces traits, une semblable expression, pourraient tout aussi bien convenir à d’autres intérêts et à d’autres affections : à l’amour conjugal, par exemple, etc. Nous sommes disposés, dès-lors, à considérer aussi cette figure avec d’autres yeux que ceux qui doivent contempler une Madone. Dans les œuvres du genre le plus élevé, on ne doit pas donner place à d’autres pensées qu’à celles que doit éveiller la situation même. C’est d’après ce principe que la Madeleine de Corrège, à Dresde, me paraît si digne d’admiration, et sera, en effet, éternellement admirée. C’est bien la pécheresse repentante ; mais on voit en elle que le péché n’est pas sérieux, qu’elle avait une ame naturellement noble, et qu’elle n’a pu être capable d’une mauvaise passion ni d’une mauvaise action. Aussi, n’a-t-elle pas à se dépouiller de son vrai caractère, mais à rentrer plus profondément en soi. Cette conversion, ce n’est qu’un retour à elle-même. Ce n’est donc pas là une situation momentanée, c’est sa nature entière. Aussi, dans l’ensemble de la représentation, dans l’extérieur et les traits du visage, l’habillement, le maintien, les objets environnants, l’artiste n’a laissé aucune trace, aucun souvenir qui pût rappeler le péché ou la faute. Elle n’a pas