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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/67

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Où le fier Ariman, dieu d’erreur et de haine,
Dieu terrible aux mortels, devoit briser sa chaîne.
De l’univers, soumis à sa divinité,
Le temple de l’Amour étoit seul excepté.
Sous son portique auguste, à la crainte docile,
L’heureux couple d’amants court chercher un asyle.
À peine ils l’ont atteint que leurs yeux étonné :
Se portent vers les lieux qu’ils ont abandonnés.
Quel spectacle effrayant ! l’astre de la lumiere
Pâlit, suspend sa course, et recule en arriere.
Les cieux ne brillent plus que du feu des éclairs ;
Un bruissement sourd parcourt les vastes mers ;
L’air souterrain mugit, s’échauffe, se dilate ;
Avec un bruit affreux la montagne s’éclate,
Et laisse apercevoir dans son flanc calciné
Le féroce Ariman sur un roc enchaîné.
Son corps est engourdi ; son ame sans pensée
Du sommeil du trépas paroissoit oppressée,
Lorsqu’un coup de tonnerre ébranle et fend les cieux.
À ce coup Ariman s’éveille, ouvre les yeux.
Son état un moment l’humilie et l’étonne ;
Mais sa force renaît : il a ceint la couronne,
Le roc s’est abymé, ses fers se sont brisés ;
Il lance autour de lui des regards embrasés