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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 9.djvu/149

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DE L’HOMME,

déjà dit, non seulement ceux que j’ai sentis, mais ceux que je puis sentir encore : ces maux, plus présents à ma mémoire, me frappent le plus fortement. Mon attendrissement pour les douleurs d’un infortuné est toujours proportionné à la crainte que j’ai d’être affligé des mêmes douleurs. Je voudrois, s’il étoit possible, en anéantir en lui jusqu’au germe ; je m’affranchirois en même temps de la crainte d’en éprouver de pareilles. L’amour des autres ne sera jamais dans l’homme qu’un effet de l’amour de lui-même (9), et par conséquent de sa sensibilité physique. En vain M. Rousseau répete-t-il sans cesse « que tous les hommes sont bons et tous les premiers mouvements de la nature droits ». La nécessité des lois est la preuve du contraire. Que suppose cette nécessité ? que ce sont les divers inté-