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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 9.djvu/156

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SECTION V, CHAP. IV.

cher, son cuisinier ; ses mains sont toujours souillées de sang. Habitué au meurtre, il doit être sourd au cri de la pitié. Si le cerf aux abois m’émeut, si ses larmes font couler les miennes, ce spectacle si touchant par sa nouveauté est agréable au sauvage que l’habitude y endurcit.

La mélodie la plus agréable à l’inquisiteur sont les hurlements de la douleur ; il rit près du bûcher où l’hérétique expire : cet inquisiteur, assassin autorisé par la loi, conserve même au sein des villes la férocité de l’homme de la nature. Plus on se rapproche de cet état, plus on s’accoutume au meurtre, moins il coûte. Pourquoi le dernier boucher est-il, au défaut de bourreau, forcé d’en remplir les fonctions ? c’est que sa profession le rend impitoyable. Celui qu’une bonne éducation n’accoutume pas à