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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 9.djvu/157

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DE L’HOMME,

voir dans les maux d’autrui ceux auxquels il est lui-même exposé, sera toujours dur, et souvent sanguinaire : le peuple l’est ; il n’a pas l’esprit d’être humain. C’est, dit-on, la curiosité qui l’entraîne à Tyburn ou à la Greve : oui, la premiere fois ; s’il y retourne, il est cruel. Il pleure aux exécutions, il est ému ; mais l’homme du monde pleure à la tragédie, et la représentation lui en est agréable.

Qui soutient la bonté originelle des hommes veut les tromper. Faut-il qu’en humanité comme en religion il y ait tant d’hypocrites et si peu de vertueux ? Prendra-t-on pour bonté naturelle dans l’homme les égards qu’une crainte respective inspire à deux êtres à-peu-près égaux en forces ? L’homme policé lui-même n’est-il plus retenu par cette crainte, il devient cruel et barbare.