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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/17

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

à son chevalet, mais quoi qu’il fasse, il rêve aux pommiers qui fleurissent au verger, au ruisseau qui jase dans la prairie, à la fauvette qui chante à l’aube dans la haie d’aubépine, aux grandes herbes qui se balancent au bord des étangs ; et son pinceau s’appesantit dans un stérile labeur auquel il s’obstinerait vainement. Quand l’artiste en est là, le diagnostic est clair : il est temps de plier dans l’armoire l’habit noir des concessions sociales ; il est temps d’oublier pour six mois l’hôtel Drouot et les salons officiels, et le marchand et l’amateur… L’heure du départ a sonné !

Bientôt de tous les coins de Paris où perche la gent artiste émigre une volée de paysagistes en belle humeur, l’espérance au cœur, la chanson aux lèvres.

Les uns, les jeunes, s’abattent par folles bandes sur la forêt de Fontainebleau, cette école de Saint-Cyr du paysage d’où tant de peintres, arrivés là simples soldats, sont sortis avec l’épaulette. Celui-là côtoie avec son bateau de vertes rives et manœuvre avec une égale dextérité la gaffe et le pinceau. Cet autre, comme Ziem, a fait aménager ad hoc une voiture foraine où l’on fait tant bien que mal son