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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/185

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

lisses et de grenus. Une de ses grandes occupations est de poncer… Il se délecte dans ses préparations ; il y voit peu à peu se former, comme dans les capricieux scintillements de l’âtre, mille images d’abord confuses, puis de plus en plus définies et précises. Il s’enivre de ses conceptions : voici une « bataille » à la Salvator, là une « marine » aux vagues furieuses. Cette troisième toile deviendra un « repos de moissonneurs ». Tous ces tableaux s’incrustent, se coordonnent, vivent dans son imagination. Ils sont faits… Il n’y a plus qu’à les peindre ! — C’est demain qu’il frappera le grand coup. En attendant, il continue à s’entourer de matériaux et de documents aussitôt délaissés… Le Salon ouvre… mais notre candide monomane n’est pas prêt, et il va nourrir sa chimère jusqu’à l’exposition prochaine. Pauvre original qui, pendant toute sa vie, ne peindra jamais que… des dessous !

D’autres s’ingénient à de stériles recherches de procédés. J’en ai connu un qui, entre autres extravagances, avait imaginé de peindre les eaux avec… un peigne. Après cela, je crois qu’on peut tirer l’échelle.