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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/227

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.


hautain, méprisant, — par conséquent peu persuasif, — qu’il parlait de solidarité et de fraternité.

« C’est pas tout ça, m’sieu Grinchard, y a de la filandre là-haut, répondaient les bons paysans en indiquant les traînées blanchâtres qui ternissaient l’azur du ciel, — il pourrait bien tomber de l’eau, c’te nuit ; faut mettre bien vite le foin en maquets, et j’n’ons pas le temps d’écouter les avocats… »

Grinchard tomba malade.

Je peignais précisément à cette époque dans le voisinage de la maison du père Lemballe ; et celui-ci suivait d’autant plus curieusement les progrès de mon étude, qu’il y reconnaissait sa maison lézardée, la vigne qui encadrait sa porte, le chaume de l’étable, et le puits couvert de mousse, et la herse dressée contre la muraille, et les poules, les oies, les canards qui peuplaient tout cela. Le père Lemballe venait, à chacune de mes séances, s’étendre sur l’herbe et fumer sa pipe près de moi, donnant pour prétexte de son far-niente que « ça le tenait dans les reins, ou… ailleurs ». Tout en devisant, il me recrutait des admirateurs et me faisait de la réclame.