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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/233

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.


sûr qu’au village, où l’on vit en quelque sorte sous l’œil les uns des autres, celui qui commet une action vile et coupable encourt aussitôt des jugements solidement motivés et des condamnations morales que tous ses écus ne sauraient purger.

Une brave femme me regardait peindre, en caquetant, selon l’usage, lorsque vint à passer un petit vieux bonhomme ratatiné, au menton fermement dessiné, aux yeux profondément enchâssés sous d’épais sourcils blancs. Il tenait sous son bras des pieds d’arbres qu’il avait maraudés de côté et d’autre pour en border ses clos.

— Vous voyez ben ct’homme-là ? me dit-elle, c’est peut-être le plus riche de la commune Eh ben ! je ne vouderions pas avoir tous ses écus et avoir fait ce qu’il a fait…

— Vraiment ! m’écriai-je, flairant une anecdote.

— Il a vendu sa mère !…

— Ah bah !

— Oui, monsieur, aussi vrai comme je vous le disons…

— Vendu par acte notarié, paraphé et enregistré ?