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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/251

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

leurs productions, et se croient encore en progrès, alors que, pour tous ceux qui les approchent, ils sont manifestement sur la pente fatale de la décadence. Ceux qui s’égayent à ce sujet aux dépens des artistes ne sont-ils pas souvent les premiers à leur serrer le bandeau sur les yeux par d’excessives et coupables flatteries ? Songe-t-on aussi quel supplice serait la vie de l’artiste sans les consolantes illusions qui le soutiennent ?

Ces illusions que vous lui reprochez sont le principe même de ses efforts et de son travail.

Si l’artiste avait la funeste clairvoyance de mesurer les phases douloureuses de son déclin, il ne lui resterait d’autre alternative que la folie ou le suicide ! Une loi psychologique — qui est, en même temps, une grâce providentielle — a voulu qu’il se crût constamment en progrès, et qu’il jugeât toujours l’œuvre sur laquelle il concentre aujourd’hui ses facultés supérieure à l’œuvre précédente, déjà oubliée.