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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/260

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IMPRESSIONS ET SOUVENIRS.

ses amis au passage, et les trainer devant ses œuvres en leur demandant l'éloge ou la vie. Le seul moyen de se dégager promptement est de lui casser l'encensoir sur le nez, net, du premier coup.

Je fus perdu pour avoir voulu mettre un peu de pudeur dans mon compliment.

« Votre tableau est tout simplement le meilleur de l'Exposition… avec celui de X… ajoutai-je comme pour donner un gage de ma sincérité en associant à la sienne une œuvre remarquable et dont lui-même avait, avec moi, reconnu le mérite, un instant auparavant.

— Le tableau de X…! grincha-t-il, mais c'est pas de la peinture! Voyez le mien… C'est de la pâte, ça se porte bien, tandis que X… mon p'tit, c'est de la sauce, c'est du jus, c'est creux, c'est malade, c'est veule… disait-il en flageolant comme s'il tombait en syncope, pour joindre la mimique à la parole.»

J'étais pincé ; mais aussi pourquoi avais-je trouvé deux bons tableaux au salon ?… c'était évidemment un de trop…