Un artiste exposant n’a de cesse généralement
qu’il ne vous ait induit à déclarer lequel
de ses deux tableaux vous préférez. Ciel !
comme on dit dans les mélodrames, n’allez pas
tomber dans le piège. Vous vous engageriez
dans des discussions interminables pour vous
entendre dire, en fin de compte, que celui que
vous préférez est précisément le moins bon,
c’est-à-dire que vous ne vous y connaissez point,
que vous n’avez pas de goût, et autres aménités
de ce genre.
« Ne vous gênez pas avec moi, vous dira cet autre, faites-moi vos observations, vous me rendrez service. N’ayez pas peur ; parlez franchement, je n’aime pas qu’on se croie obligé de me faire des compliments ; critiquez, allez-y... »
Et il se cabre à la plus légère observation. Je connais trop bien le mot du poëte : « C’est mon plus bel endroit, » pour me laisser prendre à ce véritable guet-apens du peintre faux-bonhomme.
Un jour qu’il était question, entre artistes,