ments, et saisissant la cassolette des mains des
visiteurs, réduits au rôle ingrat de personnages
muets, il se brûle délibérément de l’encens sous
le nez, avec une désinvolture douloureusement
comique.
« Voici un bon tableau, dira-t-il, en posant une toile sur le chevalet, — vous savez ? ajoute t-il, avec une fausse bonhomie, je dis cela absolument comme s’il s’agissait du tableau d’un confrère (bon apôtre va) ! — Quand je juge mes œuvres, j’oublie toujours que c’est moi qui les ai faites… »
D’autres fois, il vous dira : « un tel (généralement un nom connu) sort d’ici, il trouve mon tableau excellent. »
Le moyen de dire le contraire !
Le visiteur a-t-il eu le temps de lancer son exclamation habituelle : « C’est ravissant ! »
« Je vois avec plaisir que cela vous plaît répondra-t-il, cela me donne la mesure de votre goût… »
Et c’est vous qui recevez un bon point alors que vous prétendiez octroyer un compliment.
Si vous êtes, avec l’artiste, dans des termes à pouvoir risquer une observation, vous formulez une discrète critique, soigneusement édulcorée