Aller au contenu

Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
publication de la collection hippocratique.

qui la constituent étaient épars dans diverses mains, qu’ils sont arrivés de différents côtés dans les bibliothèques avec le nom d’Hippocrate, lequel y avait été mis par les vendeurs pour que le prix fût meilleur, et que là ils ont formé cette collection considérable où les critiques ont ensuite essayé de porter l’ordre. Ce qui m’empêche d’adopter cette opinion, ce sont les rapports qui unissent ces livres entr’eux, les communautés de doctrines, les passages copiés l’un sur l’autre, les citations de livres perdus, la présence de fragments, de notes, d’extraits : toutes choses qui me paraissent exclure la dissémination de ces livres entre des mains diverses. Avec ces conditions, on doit admettre qu’ils ont été élaborés dans un même foyer ; car, on n’y reconnaîtrait pas toutes ces liaisons, s’ils provenaient de médecins qui n’auraient pas eu des rapports et d’enseignement et de tradition les uns avec les autres ; on n’y trouverait pas non plus des notes décousues et des morceaux sans rédaction véritable, si Thessalus, Dracon, Hippocrate III, Hippocrate IV et les autres les avaient composés pour les publier ; et il n’a guère été possible d’y inscrire le nom du grand Hippocrate, que parce que les pièces qui sont dépourvues de toute rédaction étaient des papiers conservés sans nom d’auteur. C’est ainsi que les extraits du livre de Polybe ont été gardés, puis ont été publiés comme appartenant à Hippocrate, le livre lui-même ne s’étant conservé nulle part, pas même dans la bibliothèque d’Aristote. On est donc toujours forcé d’en revenir à ce point, à savoir que la publicité des livres hippocratiques, à part sans doute quelques traités, a été excessivement restreinte avant la fondation des bibliothèques, et que le désordre primitif où s’est trouvée cette Collection dès le temps des plus anciens critiques, annonce bien plutôt une réunion de livres et de papiers qui, étant restés long-