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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/105

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premier incident semblait annoncer les malheurs qui allaient fondre sur cet infortuné pays, jusqu’à la chute de l’Empire.

68. On venait de passer quelques années assez tranquilles, tant sous le rapport de l’ordre que sous celui des phénomènes atmosphériques ; aussi malgré les dispositions administratives qui pesaient sur Bourbon, l’abondance existait partout : c’était fort heureux, car chacun allait avoir besoin de ses épargnes.

69. Le 28 février une tempête de 6 heures détruisit deux navires en rade et en jeta cinq à la côte. L’ouragan du 11 mars anéantit la récolte du café, tout en donnant naissance à une maladie des caféiers. Mais le désastre le plus terrible qui figure dans l’histoire de la Colonie arriva en décembre, par suite des pluies torrentielles qui, durant deux semaines, tombèrent sans interruption, entraînant avec elle une si grande quantité de terre, que les eaux de la mer en furent jaunies à une distance de vingt lieues. C’est dans cette circonstance que la montagne de Saint-Denis à la Possession fut dépouillée des riches caféeries et des charmantes habitations qui la couvraient : tout disparut.

« Du 12 au 23 décembre 1806, il y eut une chute d’eau extraordinaire : le 26, la pluie recommença et dura jusqu’au 6 janvier 1807. Pendant douze jours l’eau tomba par torrents et sans interruption. Ce fut ce qu’on appelle dans un sens absolu l’avalasse dont les témoins oculaires, longtemps encore après, ne parlaient qu’avec effroi. Les eaux acquirent par leur masse et par la