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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/106

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déclivité générale de l’île, une force d’impulsion dévastatrice. Le sol fut lavé, raclé jusqu’au tuf : toutes les cultures furent déracinées et entraînées. Pour achever de tout faire périr, une sécheresse opiniâtre succéda à l’avalasse et aboutit, le 14 mars, à un ouragan de plusieurs jours qui aurait mis le comble à la dévastation, si quelque chose était resté à dévaster. À la suite de si cruelles perturbations atmosphériques, la végétation apparut comme si elle avait été brûlée. La récolte des grains manqua complètement : il n’y eut pas disette, il y eut famine. On vendit les riz de Madagascar 90 francs les 50 kilos. Le maïs était à 25 francs les 50 kilos également. Les esclaves, les individus libres de la classe infime mouraient littéralement de faim. Pendant trois mois la police, dans la Partie du Vent, fut constamment occupée à faire ce qu’on appelle des levées de cadavres, c’est-à-dire à constater les décès survenus par inanition dans les champs et au bord des chemins. Les moins malheureux vivaient de blé bouilli, de racines de safran marron (cana indica), de feuillage et des sommités de la fougère arborescente qui ont quelque rapport avec le chou palmiste[1]. »

70. En 1808, les Anglais enlevèrent à la Hollande la colonie du Cap, ce qui leur facilita les croisières tenues constamment dans le canal.[2] La même année, une descente eut lieu à Saint-Gilles, où les Anglais détruisirent une batterie

  1. Pajot.
  2. On appelle canal la portion de mer située entre la Réunion et Maurice.