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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/112

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80. Un acte bien naturel au gouvernement vainqueur fut de désarmer les gardes nationales de toutes les parties de l’île ; les esclaves crurent voir dans cette mesure des dispositions hostiles contre les habitants. Ils pensèrent que les Anglais ne s’opposeraient pas à une révolte dont les Français seraient seuls victimes : le mot fut donné à Saint-Leu et à Saint-Louis ; mais le complot échoua dans cette dernière localité, grâce aux aveux du Cafre Figaro qui reçut en récompense sa liberté, une pension annuelle, et une terre sur la commune de Saint-Joseph.

Les révoltés de Saint-Leu commirent d’affreux ravages avant que les habitants eussent pris les mesures convenables pour leur sûreté. On vit alors des esclaves fidèles défendre leurs maîtres au prix de leur vie. « Nous savons bien, disaient-ils, que, quand ces scélérats auront tué les blancs, ils tueront aussi les bons noirs. »

Fougeroux, ancien sergent, aidé de 22 habitants, parvint à dissiper les bandes et à les refouler dans les ravins. Sur ces entrefaites, arriva un détachement de soldats anglais ; une centaine de rebelles, garrottés, furent amenés à Saint-Denis. Trente des principaux coupables subirent la peine capitale, les autres portèrent la chaîne (11 février 1812.)

81. Pendant la tourmente révolutionnaire, le service religieux ne fut point interrompu dans les églises de la Colonie ; mais, sous la domination anglaise, on eut la douleur de voir transformer celle de Saint-Denis en cour judiciaire, à