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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/132

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plateau de Bémaho, qui avoisine la source du Bras-Sec.

L’Entre-Deux tire son nom de la situation qu’il occupe entre les bras de Cilaos et celui de la Plaine. Ce lieu était, avec le cirque de Salazie et Cilaos, un des principaux centres de refuge des noirs marrons. Les hautes montagnes situées au Nord, les rivières à l’Est et à l’Ouest, leur jonction au Sud, constituaient une sorte de retranchement, un véritable camp fortifié.

L’étang qui se trouvait au centre du plateau, et dont on voit encore des traces, donnait, par la pêche, de faciles moyens d’existence aux brigands réfugiés dans les environs. Leurs camps, établis sur deux points rapprochés l’un de l’autre, à l’entrée des gorges du Bras-Court, ont conservé les noms de Trou du Magasin et Trou du Cochon, indiquant ainsi la nature des dépôts qu’ils recevaient.

Tout fait présumer que l’îlet de l’Entre-Deux a été l’un des premiers repaires de nos habitants des bois, en 1720 ; la forêt qui recouvrait son territoire était infestée à ce point que, sept ans après, les colons ne jugèrent pas opportun de s’écarter des deux confluents qui forment la rivière Saint-Étienne.

La concession de l’Entre-Deux date de 1727. Les sieurs Jean Houareau et Joseph Lauret l’obtinrent au titre onéreux de cent livres de bled et de quatre onces de caffé par arpent de terres défrichables, le tout livré annuellement par semestre. De plus le gouverneur Dumas y réserva pour la Compagnie les droits de banalité[1], la coupe des bois, la chasse et la pêche.

Les nouveaux propriétaires s’établirent à la Pointe ; Jean Houareau eut pour sa part la moitié de l’îlet, située à l’Ouest, Joseph Lauret reçut les terres qui avoisinent le Bras de la Plaine. En 1737, la famille Técher vint les rejoindre ; puis, en 1801, les sieurs Fontaine et Payet. Mais dès 1792 les frères Antoine et Chérisseuil

  1. Droit d’assujettissement.