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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/135

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marrons ; ils croyaient qu’elles contenaient un principe dangereux, capable de donner la mort. Un marron s’y était établi vers 1743 ; sa réputation de sorcier s’augmenta de la mauvaise renommée des sources d’eau chaude, ce qui lui fit donner par ses compagnons le synonyme de Maha-faty (qui conduit à la mort), d’où le nom de Mafat.

45. En 1845, parut la loi préparatoire à l’émancipation ; elle autorisait les esclaves à se racheter, et, par suite, leur conférait les droits de citoyen français. L’idée de l’émancipation prochaine donna lieu au patronage des noirs, œuvre bien utile, puisqu’il s’agissait de donner les premiers soins religieux à ces infortunés.

46. Vers le même temps eut lieu le bombardement de Tamatave, en représailles des cruautés exercées par la reine Ranavalona sur les traitants européens. Le corps expéditionnaire anglo-français, trop faible pour s’emparer de la ville, se retira, laissant une centaine de soldats tués. Le port demeura fermé comme auparavant, et les têtes de nos malheureux soldats fixées à l’extrémité de longues piques, restèrent ignominieusement exposées sur le rivage jusqu’en 1853.

La Colonie eut à enregistrer à cette même époque une perte qui fut profondément sentie, celle de la vénérable Mme Desbassayns. Cette femme, si remarquable à tant de titres, consacra sa vie entière à d’innombrables libéralités, non seulement à Saint Gilles, sa résidence, mais encore en Europe, dans les Indes, et jusqu’en Amérique. La ville le Saint-Paul lui dut de n’être point livrée au pillage en 1809, et la Colonie, la modération dont elle fut l’objet de la part des autorités anglaises. En témoignage de profonde estime, l’un de nos