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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/137

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deux partis, sauvegarder les intérêts de tous, était le rôle qui s’imposait naturellement au Gouverneur. M. Graëb s’en acquitta pendant deux ans avec une habileté qui lui mérita l’estime et la reconnaissance générales ; malheureusement un acte de faiblesse, de précipitation peut-être, vint briser tout à coup cette administration si utile et si appréciée.

48. Tandis que M. Graëb s’efforçait d’aplanir au sein du Conseil colonial les difficultés que la crainte de l’émancipation faisait surgir, le clergé et les congrégations donnaient aux noirs l’instruction morale et religieuse ; c’était le vrai moyen de les préparer sagement à la liberté, aux sentiments de la famille et à la dignité d’honnêtes citoyens.

Cette œuvre, commencée en 1842, avait déjà opéré parmi eux une heureuse transformation en 1848 ; et, si Bourbon fut préservé du triste sort de la Guyane et des Antilles, c’est à la régénération des esclaves au catholicisme que la population dut sa tranquillité et son salut.

M. Graëb voyait avec satisfaction le bien réalisé par les missionnaires, « mais leur zèle ne fut pas également apprécié par ceux qui devaient en recueillir les principaux avantages. » [1] M. l’abbé Monnet, en particulier, était l’objet d’une haine que l’on ne se donnait pas la peine de dissimuler. On le considérait, non sans raison, comme un des plus ardents propagateurs du patronage établi en 1842, et, à ce titre, il fallait le

  1. Maillard.