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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/138

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traiter en ennemi dangereux. Cependant la métropole eut pour le père des noirs des sentiments plus équitables ; à son arrivée à Paris, en 1847, l’abbé Monnet obtint le grade de chevalier de la Légion d’Honneur et le titre de vice-préfet apostolique de Bourbon.

Sur ces entrefaites, une pétition, revêtue d’un grand nombre de signatures, même du haut clergé, demandait l’abolition de l’esclavage dans les colonies. M. Monnet la combattit en démontrant que l’émancipation immédiate causerait la ruine des blancs et le malheur des esclaves ; il ne fut pas écouté. Ses ennemis dénaturèrent le sens d’un acte qui plaidait si judicieusement la cause du pays ; ils répandirent le bruit que l’abbé Monnet avait signé la pétition.

Cette odieuse calomnie eut tout le succès qu’on en attendait ; les esprits, déjà indisposés, s’exaspérèrent, et M. Monnet n’eut pas plutôt débarqué, 1er septembre 1847, que la foule s’ameuta, demandant qu’il fut consigné en attendant son réembarquement d’office à la première occasion. Le zélé missionnaire protesta de son innocence et de son dévouement au bien du pays, mais le Gouverneur, cédant aux sollicitations de l’émeute, le renvoya en France.

Peu après son arrivée à Paris, M. Monnet se vengeait en noble soldat du Christ ; il soutint, pendant six heures, les intérêts des colonies en présence d’une commission hostile et étonnée. La force de ses arguments et la conviction avec laquelle il les produisit l’emportèrent enfin ; les co-