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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/142

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mêmes craintes, et pour essayer de conjurer les ruines dont elle croyait que le Commissaire allait couvrir le pays, elle rédigea un mémoire où étaient exposés les inconvénients de l’émancipation et l’urgence de proroger le statu quo. « Dans ce mémoire, on n’avait rien omis, excepté les moyens qui eussent pu aider M. Sarda à accomplir son œuvre sans occasionner de désordre, ni la cessation du travail[1]. »

59. M. Sarcla mit pied à terre un vendredi, 13 octobre, au milieu d’une foule immense de curieux. La coïncidence du vendredi et du treize était pour les esprits faibles la confirmation des malheurs attendus. On se pressa autour du nouveau débarqué, on le toisa des pieds à la tête, comme on eût fait d’un homme mal intentionné, et qui paraissait plus étrange encore dans ses allures que le singulier costume dont il était revêtu ; en un mot, on n’était pas éloigné de voir en lui le Burnel de la Réunion.

M. le Commissaire fit tomber ces puérils préjugés par une allocution énergique qu’il adressa à la foule ; les idées de pacification qu’il exprima produisirent le meilleur effet, mais il refusa, par ordre, la demande de prorogation, même jusqu’à fin de la récolte.

60. Le 18, M. Sarda enregistra ses pouvoirs, publia le décret d’émancipation rendu exécutoire le 20 décembre, et ne voulut point reconnaître l’Assemblée dont l’existence n’était pas légale ; celle-ci rejeta sur le Commissaire toute la res-

  1. Focard.