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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/145

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marche forcée, devenaient tout à coup calmes et silencieux ; ils rebroussaient chemin sans différer ; le lendemain, ils reprenaient paisiblement leurs travaux de l’avant-veille. C’est ainsi que, sur un signe, un mot, M. Sarda commandait à des attroupements de 4 à 5,000 hommes, qui mettaient leur honneur à obéir de la manière la plus absolue.

63. La rentrée du Commissaire à Saint-Denis, le 7 décembre, fut une véritable ovation. Le conseil municipal voulut lui offrir un témoignage de satisfaction au nom de la Colonie reconnaissante. À cet effet, M. Gustave Manès, maire de la ville, accompagné de toutes les autorités, vint complimenter M. Sarda au pont du Butor. La garde d’honneur qu’on lui avait préparée avec la troupe et la milice s’échelonnait sur un parcours de près d’un kilomètre, et l’on estime que plus de 20,000 personnes prirent part à cette manifestation.

Les noirs se réunirent de toutes les parties de la ville sur la place du Gouvernement, où ils avait précédé le chef de la colonie. Là, M. Sarda les harangua comme il avait fait pour leurs frères des quartiers ; son discours eut, comme les précédents, un succès complet. On vit à Saint-Denis le même respect, la même soumission et un égal empressement à prendre le livret de travail.

64. M. Sarda était parti de Saint-Denis le 15 novembre dans le but d’étudier la disposition des esprits ; mais, au lieu d’un rapide examen, il accomplit avec un rare bonheur la plus grande transformation sociale qui figure dans l’histoire des