Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/24

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né) en faisant la pêche dans une ravine située entre le Bernica et Saint-Gilles, et qui a porté son nom depuis.

À la vérité, les moyens employés par le Gouverneur pour obtenir la soumission et l’obéissance n’étaient pas de nature à lui gagner les cœurs. Il fit venir de l’Inde des graines de pagodes que l’on répandit sur le sable, afin d’obliger les habitants à se servir de chaussures. Le véritable motif de cette mesure était la vente d’une cargaison de souliers que la Compagnie avait envoyés et sur lesquels le Gouverneur espérait tirer sa part de profit.

Les grandes difficultés des premiers temps de la colonie provenaient des trois causes suivantes :

1° La Compagnie, souveraine de Bourbon, entendait retirer ses bénéfices de la colonisation qu’elle établissait ; c’eût été justice, si elle avait su atteindre ce but en favorisant le commerce au lieu de l’entraver. Les colons étaient tenus d’apporter leurs marchandises dans les magasins de la Compagnie, qui les payait de manière à gagner cent pour cent. Ils devaient encore acheter de la même Compagnie leurs fournitures à des prix tels que la Compagnie et ses agents réalisaient encore cinquante, soixante, cent pour cent.

2° Les forbans qui sillonnaient la mer des Indes approchaient fréquemment de Bourbon. Ils apportaient d’Europe ou des Indes toutes les marchandises dont les habitants pouvaient avoir besoin, les leur offrant en échange des produits indigènes, à des conditions beaucoup plus avantageuses que celles qu’on leur imposait. Mais la rigueur des ordonnances contraignait les colons de renoncer à des bénéfices que la Compagnie voulait à tout prix monopoliser.

3° La chasse était une source importante de l’alimentation. Son interdiction soumettait les malheureux habitants à des privations parfois trop pénibles, en des temps où il n’y avait pas d’autre viande que celle du gibier tué dans la forêt. Empêcher l’excès, comme le père Bernar-