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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/36

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avait organisé contre le gouverneur un singulier système de persécution : c’était de le poursuivre en quelque lieu qu’il fût, au logis, au dehors, à table ou au lit, avec une pluie de gravier ou de sable venant de mains invisibles. Selon toute apparence, le conseil provincial n’était pas trop mécontent de ce qui se passait ; il résolut de profiter des dégoûts du gouverneur pour se débarrasser de lui. L’occasion s’offrit d’elle-même par la découverte du café indigène : ce fut un événement ; il parut si important, qu’on arrêta immédiatement l’envoi du gouverneur en France, afin de renseigner soit la Compagnie, soit le gouvernement. De Parat, lui aussi, accepta de bon gré ce qui n’était peut-être au fond qu’une expulsion déguisée[1].


CHAPITRE VI

Justamond, de Beauvolier, gouverneurs — Ordonnance sur le café — Nouveaux plants d’Arabie — Ouragan — Milices — Premiers habitants de l’île de France — Les pirates.
Henri Justamond — 1715 à 1718.

7. Sous l’intérim de M. Justamond, le conseil provincial prit des mesures pour hâter le développement de la culture caféière. Un arrêté, du 4 décembre 1715 obligea chaque habitant à planter et à entretenir 100 caféiers par individu de 15 à 60 ans, libre ou esclave. Cependant le café, quoique cultivé, conservait un goût sauvage qui le fit déprécier et tenir en France pour qualité inférieure. Les Antilles fournissaient en quantité l’espèce tirée de l’Arabie, que sa qualité supérieure faisait rechercher de préférence. La Compagnie prévint le discrédit qui menaçait de frapper le ca-

  1. Pajot.