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Page:Histoire abrégée de l'île Bourbon, 1883.djvu/42

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gea utile de la rapprocher du Bel-Air, afin de lui faire occuper le point le plus central de la population. Cette mesure détermina peu à peu la formation du groupe de maisons qui compose le quartier actuel.

Pendant les trois premières époques de la colonisation, Sainte-Suzanne a été le quartier le plus peuplé. Sa position éloignée de Saint-Paul lui valut la prépondérance sur les paroisses de Saint-André et de Saint-Benoit créées sur son territoire, lequel s’étendait de la ravine des Chèvres à la rivière de l’Est.

Dès l’origine, le Commandant s’y fit représenter par un administrateur, chargé de lui rendre compte des affaires sérieuses survenues dans le canton. Cet administrateur fut appelé successivement officier, commis, habitant principal, commandant du quartier, commissaire.

Sous d’Orgeret, huit ans après la fondation du quartier, l’officier fut tué par les noirs marron ;  ; le chirurgien Royer, son successeur, prit part à l’affaire de Vauboulon, en préparant « le bouillon mortifère » que Firlin fit boire au gouverneur. Le chirurgien commis, devenu gendre de Firlin, mourut paisiblement l’année 1696, trois ans avant l’arrivée de la sentence royale qui le condamnait à être pendu.

Parmi les commandants du quartier, on cite principalement MM. Sicre de Fontbrune, Martin Bellier et Bertin. Le premier était en fonctions avant 1724 ; il gouverna le pays en 1726. M. Berlin, père du poëte, succéda au gouverneur Bouvet ; M. Bellier, dernier gouverneur pour la Compagnie, remit l’administration de l’île à M. de Bellecombes.

Un mémoire de Feuilly, rédigé en 1705, mentionne la prodigieuse fécondité du sol de Sainte-Suzanne ; en effet, les plantations de tabac, de riz, et plus tard de café enrichirent les habitants durant plus d’un siècle.

La crainte d’un blocus par les Anglais détermina M. Poivre à créer des ressources que l’ennemi ne pût capturer ; à cette fin, il proposa de sacrifier à la culture des graminées une partie des anciennes plantations, mais les habitants de Sainte-Suzanne ne crurent pas devoir répondre à un appel dont le bénéfice reviendrait surtout