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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/152

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de bien agir. Il dit ensuite à Regnaut : Méchant homme ! vous me blâmez à tort ; car sans moi vous seriez perdu : vous m’appelez traître et vous m’avez trahi. Si je n’en craignais point d’autre que vous, je serais bientôt sur votre bord. Regnaut lui répondit : Vous parlez comme il vous plaît, mais vous ne ferez rien de tout ce que vous dites. Je le ferai, dit Oger ; alors il piqua son cheval et passa la rivière ; tout mouillé qu’il était, il se préparait à combattre.

Regnaut en eut pitié et lui dit : Je ne veux point joûter, retournez. Vous vous moquez de moi, lui dit Oger, vous m’appelez traître devant plusieurs chevaliers, et si je m’en retournais ainsi, on pourrait dire au roi que je l’ai trahi. Ma lance est encore entière, il serait honteux pour moi de ne pas la briser sur l’un de vous. Regnaut lui dit en colère : je vous défie, prenez garde à moi. Ils coururent l’un contre l’autre si rudement, qu’ils brisèrent leurs lances et tombèrent tous deux blessés ; ils se relevèrent et mirent l’épée à la main. Les chevaux voyant leurs maîtres qui se battaient, coururent l’un contre l’autre, commencèrent à se mordre et à ruer. Oger qui savait que Bayard était le plus fort, courut pour secourir le sien ; mais Regnaud lui dit : Qu’allez-vous faire ? ce n’est point avec mon cheval que vous devez combattre. Et aussitôt il lui donna un si grand coup qu’il le blessa à la cuisse et le renversa par terre ; il serait mort, si l’écu de Regnaut ne lui eût pas tourné dans la main. Il lui dit après l’avoir frappé : Oger, laissez aller Bayard, vous en avez assez de me répondre.