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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/153

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Oger vint vers Regnaut l’épée à la main, et lui dit : Quand j’allai en Allemagne, Roland et Olivier essayèrent leurs épées au perron, et je frappai après vous, pour vous essayer, dont on en trancha un demi-pied, et je vous brisai, dont je suis bien fâché ; mais pour votre courage, je vous fis redoubler, et pour cela on vous nomme Courtain. Oger lui donna un coup sur le casque qui le fit chanceler, et lui dit : Je vous ai rendu ce que vous m’avez donné, ainsi nous sommes égaux. Voulez-vous recommencer ? C’est ce que je désire, répondit Regnaut : alors ils combattirent de nouveau ; mais Allard, Guichard et Maugis arrivèrent avec leurs gens. Oger les voyant venir, passa la rivière, et quand il fut descendu, il se trouva sans selle. Regnaut voyant Broissard sans selle, dit à Oger : Cousin, venez chercher votre selle ; il serait bien honteux de vous en retourner ainsi. Remerciez Dieu de ce que vous n’avez pas fait pis, car si vous fussiez resté, je vous eusse mis en lieu de sûreté. Regnaut, lui dit-il, vous menacez de loin, je sais bien que sans vos gens qui vous ont secouru, je vous aurais mené prisonnier à Charlemagne. Regnaut lui dit : Vous avez fait voir votre valeur en passant la rivière pour venir combattre ; si vous voulez m’attendre, je passerai et nous combattrons. Oui, dit Oger, et si vous le faites, je vous estimerai pour le plus vaillant chevalier du monde.

Regnaut voulait se mettre à traverser la rivière pour aller combattre ; mais Allard et Maugis l’en empêchèrent en lui disant : Frère, que voulez-vous ? vous outragez trop celui qui vous a fait du bien, vous savez que sans Oger nous serions morts, et le